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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/669

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lequel préférerons-nous à cette participation des mêmes exercices que nous leur prescrivons ici ? Imiterons-nous les Thraces et beaucoup d’autres [805e] nations, qui se servent de leurs femmes pour labourer la terre, pour paître les bestiaux et pour en tirer les mêmes services qu’ils tireraient des esclaves ? Nous autres, après avoir, comme on dit, ramassé toutes nos richesses dans un coffre-fort, nous en laissons la disposition aux femmes, leur mettant en main la navette et les appliquant aux ouvrages de laine. Prendrons-nous, Mégille, le milieu entre ces deux extrêmes comme on fait [806a] à Lacédémone, en prescrivant aux jeunes filles de cultiver la gymnastique et la musique, et en exemptant les femmes de travailler à la laine, leur donnant d’ailleurs d’autres occupations qui ne soient ni viles ni méprisables, leur cédant, dans une juste mesure, les soins domestiques, la dépense et l’éducation des enfants, sans leur permettre de prendre part aux exercices de la guerre ? Il en résultera que si quelque nécessité les oblige jamais à s’armer pour la défense de l’État et de leurs enfants, elles ne pourront, comme autant [806b] d’Amazones, se servir de l’arc, ni lancer un trait avec adresse, ou prendre le bouclier et la lance, à l’exemple de Pallas, s’opposer généreusement au ravage de la patrie, et jeter du moins la terreur parmi les ennemis,