Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/736

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
CLINIAS.

Comment cela ?

L’ATHÉNIEN.

Nous disons que deux choses sont amies lorsqu’elles se ressemblent pour la vertu ou qu’elles sont égales entre elles. Nous disons aussi que l’indigence est amie de la richesse, quoique ce soient deux choses opposées. Et lorsque l’une ou l’autre de ces choses se porte vers l’autre avec force, nous nommons cela amour.

CLINIAS.

Fort bien.

L’ATHÉNIEN.

L’amitié qui résulte de deux contraires, est une passion cruelle et féroce, et il est rare qu’elle soit réciproque. Celle qui résulte de la ressemblance est au contraire douce et propre à être réciproque durant toute la vie. Quant à celle qui est mêlée de l’une et de l’autre, il n’est point aisé de deviner ce que veut l’homme dominé par cette troisième espèce d’amour. Incertain dans ses vœux, il se sent entraîner vers les deux côtés opposés par deux sentimens contraires, l’un le portant à cueillir la fleur de l’objet aimé, et l’autre lui défendant d’y toucher. Car celui qui n’aime que le corps, et qui est affamé de sa beauté comme d’un fruit, s’excite à en poursuivre la jouissance sans tenir aucun compte de l’ame de