Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/794

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autres s'y laissent vaincre ; et la chose est ainsi.

CLINIAS.

Oui.

L’ATHÉNIEN.

Mais nous n'avons jamais entendu dire que les uns sont supérieurs à l'ignorance, et que les autres y succombent.

CLINIAS.

Non, assurément.

L’ATHÉNIEN.

Toutefois nous disons que chacune de ces trois choses nous pousse vers son objet ; en sorte qu'elles nous attirent souvent vers des partis opposés.

CLINIAS.

Très souvent.

L’ATHÉNIEN.

Je suis maintenant en état de t'expliquer clairement et sans embaras ce que j'entends par justice et injustice. J'appelle injustice, la tyrannie qu'exercent sur l'ame la colère, la crainte, le plaisir, la douleur, l'envie et les autres passions, soit qu'elles nuisent aux autres par leurs effets, ou non ; et je dis qu'il faut appeler juste toute action faite conformément à l'idée que nous avons du bien, à quoi que ce soit que les états ou certains particuliers aient attaché cette idée, lorsqu'elle domine dans l'ame et règle tout l'homme,