Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/935

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de trop longs développemens pour la prouver. Rapportons-nous-en à ce que nous apprennent à ce sujet des traditions nombreuses et anciennes. Il faut aussi ajouter foi au témoignage des législateurs qui assurent que la chose est vraie, à moins qu’ils ne paraissent absolument déraisonner. Si donc il en est ainsi réellement, que les gardiens des lois craignent premièrement les dieux du ciel, qui connaissent l’abandon des orphelins ; qu’ils craignent ensuite les âmes des parens morts, lesquelles par un sentiment naturel s’intéressent exclusivement à ce qui touche leurs enfans, veulent du bien à ceux qui ont des attentions pour eux, et du mal à ceux qui les négligent ; qu’ils craignent enfin les âmes des citoyens vivans, parvenus à la vieillesse et en possession de la vénération générale. Dans tout État où de bonnes lois garantissent le bonheur public, ces vieillards sont chéris des enfans de leurs enfans, qui mettent tout leur plaisir à vivre auprès d’eux : ils ont encore toute la vivacité de leurs sens pour entendre et pour voir de quelle manière on traite les orphelins ; et persuadés que ces enfans sont le plus important et le plus sacré de tous les dépôts, ils sont pleins de bienveillance pour ceux qui remplissent ce devoir avec justice, et d’indignation contre ceux qui insultent à la faiblesse et à l’abandon de ces