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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/967

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tres ; toutefois il est à propos que la loi essaie en quelque manière d en montrer la différence, du moins en certains cas particuliers. Pour cela ayons recours à la fable. Si Patrocle rapporté dans sa tente, sans armes, eût donné des signes de vie, comme la chose est arrivée à une infinité de guerriers, tandis que ces premières armes que les dieux, dit le poète[1], avaient données à Pelée comme la dot de Thétis le jour de ses noces, étaient au pouvoir d’Hector, tout ce qu’il y avait alors de lâches dans l’armée grecque auraient eu occasion de reprocher au fils de Menœtius la perte de ses armes. D’autres les ont perdues ayant été précipités de lieux escarpés, ou en combattant sur mer, ou bien dans des lieux exposés aux orages, s’étant trouvés emportés tout à coup par quelque torrent, enfin en mille autres circonstances semblables, qu’on peut alléguer pour se justifier d’un reproche où triomphe aisément la calomnie. Il est donc indispensable de distinguer avec le plus grand soin ce qui est véritablement honteux et impardonnable en ce genre, de ce qui ne l’est pas. Nous trouvons en quelque sorte cette distinction établie dans les noms injurieux qu’on se donne en ces occasions. Par exemple, on peut dire de tous, sans exception, qu’ils ont

  1. Homère, Iliade, livre XVI.