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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/168

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ALCIBIADE.

Oui.

SOCRATE.

Examinons encore un peu ceci. S'il t'était monté tout d'un coup dans la tête, croyant bien faire, d'aller tuer Périclès, ton tuteur et ton ami ; et si, prenant un poignard, [144a] tu fusses allé droit à sa porte demander s'il était chez lui, dans l'intention de le tuer, lui et non pas un autre, et que l'on t'eût dit qu'il y était. Je ne veux pas dire par là que tu aies jamais songé à une action si horrible, mais tu pourras bien penser, je crois, qu'il n'y a pas de raison pour qu'un homme qui ne connaît pas ce qui est bien, ne se laisse entraîner à prendre pour bon ce qui est mauvais en soi. Ne le penses-tu pas ?

ALCIBIADE.

Sans doute.

SOCRATE.

Continuons. Tu entres chez Périclès, tu le vois, [144b] mais tu ne le reconnais pas, et tu crois que c'est un autre ; oserais-tu encore le tuer ?

ALCIBIADE.

Non, par Jupiter !

SOCRATE.

Car ce n'était pas à celui-là, mais à Périclès seul que tu en voulais. N'est-ce pas ?