Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SOCRATE.

Tu vois donc qu'en certains cas, l'ignorance est un bien, et non pas un mal, comme tu le pensais tout à l'heure.

ALCIBIADE.

Je commence à le voir.

[144d] SOCRATE.

Bien plus, si tu veux prendre la peine d'examiner ce que je vais te dire, tout absurde que cela soit en apparence, peut-être conviendras-tu qu'il en est ainsi.

ALCIBIADE.

Qu'est-ce donc, Socrate ?

SOCRATE.

C'est que, à vrai dire, il peut se faire que toutes les sciences, sans la science de ce qui est bien, soient rarement utiles à ceux qui les possèdent, et que le plus souvent elles leur soient pernicieuses. Suis-moi , je te prie : lorsque nous allons dire ou faire quelque chose, ne faut-il pas, de toute nécessité, ou que nous sachions véritablement [144e] ce que nous allons faire ou dire, ou que nous croyions au moins le savoir ?

ALCIBIADE.

Sans doute.