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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/294

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drait guère s’en étonner ; mais je remarquai que les enfans mêmes n’avaient des yeux que pour lui, et que, jusqu’au plus jeune, tous le contemplaient comme une idole.

Alors [154d] Chérephon s’adressant à moi : Eh bien ! Socrate, comment trouves-tu ce jeune homme ? N’a-t-il pas une belle figure ?

La plus belle du monde, lui dis-je.

Et cependant, reprit-il, s’il voulait se dépouiller de ses habits, tu conviendrais toi-même que sa figure n’est rien, tant ses formes sont parfaites ! Et comme tous répétaient ce qu’avait dit Chérephon : Par Hercule ! m’écriai-je, comment résister à un pareil homme, s’il possède encore une seule petite chose !

Laquelle donc ? demanda Critias.

[154e] Je veux dire s’il a aussi la beauté de l’âme ; et l’on doit s’y attendre, Critias, puisqu’il est de ta famille.

Son âme, répondit-il, est aussi très belle et très bonne.

Dans ce cas, lui dis-je, pourquoi ne commencerions-nous pas par mettre à nu celle-ci, et par l’examiner avant les formes de son corps ? D’ailleurs il est d’âge à soutenir une conversation.

Et très bien même, dit Critias, car il a du goût pour la philosophie ; [155a] et, s’il faut s’en rapporter