Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/299

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ami, on agit sur l’âme par le moyen de certains charmes, et ces charmes, ce sont les beaux discours. Ils y font germer la sagesse, et la sagesse une fois établie dans l’âme, il est facile de mettre en bon état et la tête et le reste [157b] du corps. Et lorsqu’il m’enseigna le remède et le charme, il me dit : Surtout, garde-toi de te laisser engager par qui que ce soit à guérir sa tête avec ce remède, si d’abord il ne t’a livré son âme pour la traiter au moyen du charme ; car c’est encore là, ajoutait-il, une grande erreur que d’entreprendre de se faire médecin séparément pour l’une des deux parties. Il me recommanda, avec instance, de n’agir jamais autrement, et de ne céder aux prières de personne, [157c] quelle que fût sa fortune, son rang, sa beauté. Je l’ai juré, je dois donc et je veux obéir. Pour toi, si, suivant la règle de l’étranger, tu consens à livrer d’abord ton âme, et à la soumettre au charme du médecin de la Thrace, je t’indiquerai le remède ; sinon, je ne saurais que faire pour toi, mon cher Charmide.

Critias, à ces mots, s’écria : Ce mal de tête, Socrate, serait une bonne fortune pour ce jeune homme, si, pour guérir sa tête, il se trouvait dans la nécessité de [157d] soigner son âme. Toutefois, je te l’assure, Charmide qui déjà semble se distinguer entre ses compagnons par la beauté,