Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/303

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[159b] D’abord il hésita, et ne voulait pas trop répondre ; mais enfin il dit que la sagesse lui paraissait être de se conduire en tout avec décence, et de mettre une certaine mesure dans sa démarche, dans ses discours, dans toutes ses actions en général ; en un mot, dit-il, la sagesse est, selon moi, une certaine mesure.

En es-tu bien sûr ? repris-je. On prend bien souvent, il est vrai, sagesse et mesure pour synonymes ; mais voyons, Charmide, si c’est avec raison. [159c] Dis-moi, la sagesse n’est-elle pas comprise dans l’idée du beau ?

Certainement.

Et maintenant, quel est le plus beau chez un maître d’école, d’écrire vite ou avec mesure ?

D’écrire vite.

De lire vite, ou avec lenteur ?

Vite.

Et ne vaut-il pas mieux jouer avec vitesse de la lyre, et faire tous les exercices du corps avec agilité qu’avec lenteur et mesure ?

Oui.

Et au pugilat, à la lutte, n’en est-il pas de même ?

Assurément.

Pour sauter, pour courir, et pour tous les mouvemens du corps, [159d] la beauté n’est-elle pas dans l’agilité et la vitesse, et le contraire dans la lenteur, la gêne et la mesure ?