Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ou celui qui prétend n'avoir point eu de maître, doit nous montrer de ses oeuvres, et nous faire voir parmi les Athéniens ou les étrangers, les hommes libres ou esclaves, ceux que ses soins ont rendus meilleurs, de l'aveu de tout le monde. Si nous ne pouvons rien de tout cela, il faut envoyer nos amis chercher conseil ailleurs, et ne pas nous exposer, en perdant leurs enfans, aux reproches d'hommes qui nous sont si attachés. Pour ce qui est de moi, Lysimaque et Mélésias, j'avoue, tout le premier, [186c] que je n'ai jamais eu de maître dans cet art, quoique je l'aie aimé dès ma jeunesse ; mais je n'avais pas de quoi payer les sophistes qui seuls passaient pour être capables de faire de moi un homme de mérite ; et je conviens que de moi-même je n'ai pas encore pu le trouver. Que si Nicias ou Lachès l'ont appris ou trouvé d'eux-mêmes, je n'en serai pas surpris ; plus riches que moi, ils avaient les moyens de se le faire enseigner, et plus âgés, ils ont pu le trouver : aussi je les crois [186d] capables d'instruire un jeune homme ; autrement ils n'auraient jamais parlé si hardiment des exercices qui sont utiles ou nuisibles à la jeunesse, s'ils n'étaient bien sûrs de s'y connaître. Je m'en rapporte donc à eux entièrement, mais ce qui m'étonne, c'est qu'ils soient tous deux d'avis opposés ;