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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/493

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celui que tu m’as lu, comme à celui que tu m’as fait prononcer.

PHÈDRE.

Comment cela ?

SOCRATE.

Je les tiens coupables d’absurdité et même d’impiété. Peuvent-ils l’être davantage ?

PHÈDRE.

Non, si cela est ainsi.

SOCRATE.

Quoi donc ! ne crois-tu pas que l’Amour est fils de Vénus, et qu’il est dieu ?

PHÈDRE.

Du moins on le dit.

SOCRATE.

Cependant ni Lysias n’en a touché un seul mot, ni moi-même ; disons mieux, ni toi [242e] qui tout à l’heure parlais par ma bouche, grâce à je ne sais quel charme magique. Mais si l’Amour, comme on n’en saurait douter, est un dieu ou quelque chose de divin, il ne peut donc être mauvais, et cependant nos deux discours avaient pour but de le représenter comme tel : ils sont donc bien coupables envers l’amour. Et je les trouve d’une impertinence tout-à-fait plaisante, quand ils ne disent [243a] rien de juste et de vrai, de se donner l’air d’être quelque chose parce qu’ils en