Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PHÈDRE.

Tu ne pouvais rien m’annoncer de plus agréable.

[243c] SOCRATE.

Tu conçois en effet, mon cher Phèdre, l’extrême impertinence de nos premiers discours. Si quelque homme bien né et bien élevé eût éprouvé dans sa vie une semblable passion ou en eût été l’objet, et que, venant par hasard à nous écouter, il nous eût entendus soutenir que les amans s’abandonnent pour des causes légères à de violentes inimitiés, qu’ils tiennent les objets de leur amour sous une tyrannie jalouse et qu’ils leur nuisent, n’eût-il pas cru qu’élevés dans la compagnie des matelots, nous n’avons aucune idée de l’amour des honnêtes gens ? [243d] et n’eût-il pas été bien loin de passer condamnation sur tous les reproches que nous avons faits à l’Amour ?

PHÈDRE.

Peut-être bien, Socrate.

SOCRATE.

Craignant donc la censure de cet homme et plus encore la vengeance de l’Amour, je veux corriger l’amertume de mes premiers propos par un discours plus doux. Et quant à Lysias, je lui conseille de prouver bientôt, dans un autre dis-