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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/511

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bien ce qui se passe en elles. La justice, la sagesse, tout ce qui a du prix pour des âmes, a perdu son éclat dans les images que nous en voyons ici-bas ; embarrassés nous-mêmes par des organes grossiers, c’est avec peine que quelques-uns d’entre nous peuvent, en s’approchant de ces images, reconnaître le modèle qu’elles représentent. La beauté était toute brillante alors que, mêlées aux chœurs des bienheureux, nos âmes, à la suite de Jupiter, comme les autres à la suite des autres dieux, contemplaient le plus beau spectacle, initiées à des mystères qu’il est permis [250c] d’appeler les plus saints de tous, et que nous célébrions véritablement quand, jouissant encore de toutes nos perfections et ignorant les maux de l’avenir, nous admirions ces beaux objets parfaits, simples, pleins de béatitude et de calme, qui se déroulaient à nos yeux au sein de la plus pure lumière, non moins purs nous-mêmes, et libres encore de ce tombeau qu’on appelle le corps[1], et que nous traînons avec nous comme l’huître traîne la prison qui l’enveloppe.

Que l’on pardonne ces longueurs au souvenir

  1. Tombeau, σῆμα. Corps, σῶμα. Jeu de mots intraduisible.