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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/524

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mande en retour de tant de peines [256a] un moment de plaisir. Celui du jeune homme n’a rien à dire : mais, entraîné par un désir qu’il ne connaît pas, il presse son amant entre ses bras, l’embrasse, le caresse le plus tendrement, et tandis qu’ils reposent si près l’un de l’autre, il est incapable de refuser à son amant les faveurs que celui-ci lui demandera. Mais l’autre coursier et le cocher lui opposent la pudeur et la raison. Si donc, la partie la plus noble de l’intelligence remporte une si belle victoire, et les guide vers la sagesse et la philosophie, les deux amants passent dans le bonheur et l’union des âmes [256b] la vie de ce monde, maîtres d’eux-mêmes ; réglés dans leurs mœurs, parce qu’ils ont asservi ce qui portait le vice dans leur âme et affranchi ce qui y respirait la vertu. Après la fin de la vie ils reprennent leurs ailes et s’élèvent avec légèreté, vainqueurs dans l’un des trois combats[1] que nous pouvons appeler véritablement olympiques ; et c’est un si grand bien, que ni la sagesse humaine ni le délire divin ne sauraient en procurer un plus grand à l’homme. Mais s’ils ont choisi

  1. Plus haut il a été question de trois révolutions, chacune de mille ans, de trois épreuves de l’âme philosophique, lesquelles sont ici comparées aux combats olympiques, où il y avait aussi trois épreuves.