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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/528

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dans la crainte que la postérité ne leur donne le nom de sophistes.

SOCRATE.

[257e] Il y a là des replis que tu n’as pas pénétrés ; tu n’as pas remarqué que les hommes d’état les plus superbes sont ceux qui aiment le plus à composer des discours et à laisser des écrits. Dès qu’ils en ont fait quelqu’un, ils sont si aises de se voir admirer, que les premiers noms qu’ils y inscrivent sont ceux de leurs admirateurs.

PHÈDRE.

Que veux-tu dire ? je ne te comprends pas bien.

[258a] SOCRATE.

Tu ne me comprends pas ! n’est-il pas vrai qu’en tête des écrits d’un homme d’état sont toujours les noms de ses admirateurs ?

PHÈDRE.

Comment cela ?

SOCRATE.

Il a plu (n’est-ce pas là le texte même de l’écrit ?) au sénat, au peuple, ou à tous les deux, d’après l’avis d’un tel… et ici l’auteur fait sans façon son propre éloge. Ensuite, pour montrer à ses admirateurs combien il est habile, de tout cela il fait souvent un fort long écrit ; car, je te le demande, n’est-ce pas un écrit en forme ?