Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/627

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sitifs. Ainsi je le tiens pour vrai ; et je veux en conséquence chercher avec toi ce que c’est que la vertu.

MENON.

J’y consens, Socrate. Mais te borneras-tu à dire simplement que nous n’apprenons rien, et que ce qu’on appelle apprendre, n’est autre chose que se ressouvenir ? Pourrais-tu m’enseigner comment cela est ainsi ?

SOCRATE.

J’ai déjà dit, Menon, que tu es un rusé. [82a] Tu me demandes si je puis t’enseigner, dans le temps même que je soutiens qu’on n’apprend rien, et qu’on ne fait que se ressouvenir, afin de me faire tomber sur-le-champ en contradiction avec moi-même.

MENON.

Non, par Jupiter ! Socrate, je n’ai point parlé ainsi dans cette vue, mais par pure habitude. Cependant si tu peux me montrer que la chose est telle que tu dis, montre-le-moi.

SOCRATE.

Cela n’est point aisé ; mais en ta faveur je ferai tous mes efforts. Appelle-moi quelqu’un de ces nombreux esclaves [82b] qui sont à ta suite, celui que tu voudras, afin que je te fasse voir sur lui ce que tu souhaites.