Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/658

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de l’argent à ce titre ; et d’en importuner d’autres, en voulant apprendre d’eux ce qu’ils ne se donnent point pour enseigner, et quoiqu’ils n’aient aucun disciple dans la science que nous voudrions voir enseignée à ceux que nous envoyons à leur école. Ne te semble-t-il pas que c’est une grande absurdité ?

ANYTUS.

Oui, assurément ; c’est une vraie folie.

SOCRATE.

Tu as raison. Maintenant donc tu peux délibérer avec moi [91a] au sujet de ton hôte Menon. Voilà déjà longtemps, Anytus, qu’il me témoigne un grand désir d’acquérir cette sagesse et cette vertu par laquelle les hommes gouvernent bien leur famille et leur patrie, rendent à leurs parents les soins qui leur sont dus, et savent recevoir et congédier leurs concitoyens et les étrangers d’une manière digne d’un homme de bien. Vois chez qui il est à propos que nous l’envoyions pour apprendre cette [91b] vertu. N’est-il pas évident, sur ce que nous disions tout à l’heure, que ce doit être chez ceux qui font profession d’enseigner la vertu, et se proposent publiquement pour maîtres à tous les Grecs qui voudront l’apprendre, fixant pour cela un salaire qu’ils exigent de leurs disciples ?