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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/694

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LE BANQUET.

Il me dit donc qu’il avait rencontré Socrate qui sortait du bain, et qui avait mis des sandales, ce qui ne lui était pas ordinaire ; et qu’il lui avait demandé où il allait si beau. Je vais souper chez Agathon, me répondit-il. J’ai refusé hier d’assister à la fête qu’il donnait pour célébrer sa victoire, parce que je craignais la foule ; mais je lui ai promis que je serais du lendemain, qui est aujourd’hui. Voilà pourquoi tu me vois si paré. Je me suis fait beau pour aller chez un beau garçon. Mais toi, Aristodème, serais-tu d’humeur [174b] à venir aussi, quoique tu ne sois point prié ? — Comme tu voudras, lui dis-je. — Viens donc, dit-il ; changeons le proverbe, et montrons qu’un honnête homme peut aussi aller souper chez un honnête homme sans en être prié. J’accuserais volontiers Homère de n’avoir pas seulement changé ce proverbe, mais de s’en être moqué, lorsqu’après nous avoir représenté Agamemnon comme un grand guerrier, et Ménélas comme un assez faible combattant, il fait venir Ménélas[1] au festin d’Aga-

  1. Iliade, II, v. 408. — Le proverbe (Voyez Athénée, IV, 27. — Zenobius, II, 19, attribue ce vers à Eupolis.) était : L’honnête homme va souper chez un inférieur sans en être prié. Socrate change le proverbe ; mais Homère semble le renverser.