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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/708

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LE BANQUET.

les discours, et il vint à Pausanias, qui parla ainsi :

« Je n’approuve point, ô Phèdre, la simple proposition qu’on a faite de louer l’Amour ; cela serait bon s’il n’y avait qu’un Amour. Mais, comme il y en a plus d’un, il eût été mieux de dire, avant tout, quel est celui [180d] que l’on doit louer. C’est ce que je vais essayer de faire. Je dirai d’abord quel est l’Amour qui mérite qu’on le loue, puis je le louerai le plus dignement que je pourrai. Il est constant que Vénus ne va point sans l’Amour. S’il n’y avait qu’une Vénus, il n’y aurait qu’un Amour ; mais puisqu’il y a deux Vénus, il faut nécessairement qu’il y ait aussi deux Amours. Qui doute qu’il n’y ait deux Vénus[1] ? L’une ancienne, fille du Ciel, et qui n’a point de mère : nous la nommons Vénus Uranie. L’autre, plus moderne, fille de Jupiter et de Dionée : [180e] nous l’appelons Vénus Populaire. Il s’ensuit que des deux Amours qui sont les ministres de ces deux Vénus, il faut nommer l’un céleste, et l’autre populaire. Or, tout dieu sans doute est digne d’être honoré ; cependant distin-

  1. Sur les deux Vénus, voyez le Banquet de Xénophon ; Euripide dans Stobée, Eclog. Physic. I, p. 372 ; Cicer. De natura deorum, III 23.