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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/761

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LE BANQUET.

la conception et comme celle de l’enfantement[1]. C’est pourquoi, lorsque l’être fécond s’approche de la beauté, il éprouve du contentement, il se répand dans sa joie, il engendre, il produit. [206d] Si au contraire il s’approche du laid, alors, triste et découragé, il se retire, se détourne, se contracte, il ne produit point, et porte le poids de son germe avec douleur. De là, chez tous ceux qui sont féconds et que presse le besoin de produire, [206e] cette inquiète poursuite de la beauté, qui doit les délivrer des douleurs de l’enfantement. Par conséquent, Socrate, l’objet de l’amour, ce n’est pas la beauté, comme tu l’imagines. — Et qu’est-ce donc ? — C’est la génération, et la production dans la beauté. — J’y consens, Diotime. — Il le faut bien, reprit-elle. — Mais, dis-je, pourquoi l’objet de l’amour est-il la génération ? — Parce que ce qui nous rend impérissable, toute l’immortalité que comporte notre nature mortelle, c’est la génération. Or, d’après ce que nous avons reconnu précédemment, [207a] il est nécessaire que le désir de l’immortalité s’attache à ce qui est bon, puisque l’amour consiste à vouloir posséder toujours le bon. D’où il résulte évidemment que l’immortalité est aussi l’objet de l’amour.

Telles étaient les explications que Diotime me

  1. Μοῖρα et Εἰλείθυια.