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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/768

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LE BANQUET.

te dire n’est qu’une préparation, je ne sais trop si tu pourrais suivre même un bon guide[1]. Toutefois je ne laisserai point de continuer, et il ne manquera rien du moins à ma bonne volonté. Tâche de me suivre du mieux qu’il te sera possible. — Elle continua en ces termes : Celui qui veut s’y prendre comme il convient, doit, dès son jeune âge, commencer par rechercher les beaux corps. D’abord, s’il est bien dirigé, il doit n’en aimer qu’un seul, et là concevoir et enfanter de beaux discours. Ensuite il doit reconnaître que la beauté [210b] qui réside dans un corps est sœur de la beauté qui réside dans les autres. Et s’il est juste de rechercher ce qui est beau en général, notre homme serait bien peu sensé de ne point envisager la beauté de tous les corps comme une seule et même chose. Une fois pénétré de cette pensée, il doit faire profession d’aimer tous les beaux corps, et dépouiller toute passion exclusive, qu’il doit dédaigner et regar-

  1. Il y avait trois degrés dans l’initiation : 1° la purification ou introduction aux mystères, καθάρσις ou προτέλεια ; ce degré est ici représenté par la polémique de Diotime contre les fausses idées de Socrate. 2° Les petits mystères, μύησις, savoir la doctrine spéciale que vient d’exposer Diotime. 3° Enfin, les grands mystères, τέλεα καὶ ἐπόπτικα, où les dernières révélations avaient lieu.