Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/774

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
LE BANQUET.

lettes. Amis, je vous salue, dit-il. Voulez-vous admettre à boire avec vous un buveur déjà passablement ivre ? ou faudra-t-il nous en aller après avoir couronné Agathon ? car c’est là l’objet de notre visite. Hier il ne m’a pas été possible de venir, mais me voici maintenant avec mes bandelettes sur la tête, pour en orner celle du plus sage et du plus beau des hommes, s’il m’est permis de parler ainsi. Vous moquerez-vous de mon ivresse ? [213a] Riez tant qu’il vous plaira, je sais que ce que je dis est la vérité. Çà, expliquez-vous : entrerai-je à cette condition ou n’entrerai-je point ? Voulez-vous boire avec moi, ou non ? Alors on s’écria de toutes parts pour l’engager à entrer. Agathon lui-même l’appela. Alcibiade, conduit par ses compagnons, s’approcha ; et, tout occupé, d’ôter ses bandelettes pour en couronner Agathon, il ne vit point Socrate, qui pourtant se trouvait vis-à-vis de lui ; et il s’alla placer auprès d’Agathon, [213b] précisément entre eux deux. Socrate s’était un peu écarté, afin qu’il pût se mettre là. Dès qu’Alcibiade fut placé, il fit ses complimens à Agathon, et lui ceignit la tête. Esclaves, dit celui-ci, déchaussez Alcibiade : il va rester en tiers avec nous sur ce lit[1]. Volon-

  1. Dans les repas des anciens, les lits étaient ordinairement de trois places.