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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/776

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LE BANQUET.

que violence ; car il m’épouvante en vérité avec sa folie et ses emportemens d’amour. — Non, dit Alcibiade point de réconciliation entre nous deux ; je trouverai bien l’occasion de me venger de ce trait. Quant à présent, [213e] Agathon, continua-t-il ; rends-moi quelqu’une de tes bandelettes : j’en veux ; couronner cette tête merveilleuse de l’homme que voici, pour qu’il n’ait pas à me reprocher de ne l’avoir pas couronné ainsi que toi, lui qui dans les discours est vainqueur de tout le monde, non pas, comme tu l’as été avant-hier, en une occasion seulement, mais en toutes. En parlant ainsi, il détacha quelques bandelettes, les plaça sur la tête de Socrate, et se remit sur le lit.

Dès qu’il s’y fut placé : Eh bien ! dit-il, mes amis, qu’est-ce ? Il me semble que vous avez été bien sobres. Mais c’est ce que je ne prétends pas vous permettre : il faut boire, c’est notre traité. Je me constitue moi-même président, jusqu’à ce que vous ayez bu comme il faut. Agathon, fais-nous venir, si tu l’as, quelque large coupe. Mais non ! cela n’est pas nécessaire : esclave, apporte-moi ce vase[1] que voilà. Et, en parlant ainsi, il en montrait un qui pou-

  1. Littéralement, psuchtère, vase pour rafraîchir la boisson. Tim. Lex., p. 278, Mæris et Suidas.