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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/887

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SUR LE BANQUET.

dans les tons est tout ce qu’on peut prêter à Héraclite, selon Schleiermacher ; supposition que justifierait assez cette phrase de l’Éthique à Eudème, VII, 1 : οὐ γὰρ ἂν εἶναι ἁρμονίαν μὴ ὄντος ὀξέος ϰαὶ βαρέος, οὐδὲ τὰ ζῶα ἄνευ ἄῤῥενος ϰαὶ θήλεος ἐναντίων ὄντων. Bast (p. 39-43) avait déjà été si choqué du τόξου τε ϰαὶ λύρας, qu’il supposait que τόξου est une corruption de τοῦ ὀξέος, et que les copistes ayant vu dans le second Hippias τόξον ὡσαύτως ϰαὶ λύρα, ont transporté dans le passage équivoque du Banquet τόξου τε καὶ λύρας, et il propose de lire τοῦ ὀξέος ϰαὶ βαρέος, que Platon répète un peu plus bas : οὐ γὰρ δή που ἐϰ τῶν διαφερομένων γε ἔτι τοῦ ὀξέος ϰαὶ βαρέος ἁρμονία ἂν εἴη. Bast aurait pu s’appuyer du passage de l’Éthique à Eudème, que nous avons cité. Cependant Tennemann (Hist. de la phil., I p. 228) défend la vulgate par un passage décisif de Simplicius sur la physique d’Aristote, p. 11 ; passage qui, ne pouvant être tiré de celui du Banquet, en confirme l’authenticité ; et Tennemann prouve fort bien, non-seulement contre Bast, qu’il faut lire ici τόξου τε ϰαὶ λύρας, mais encore contre Schleiermacher, que ces expressions sont d’Héraclite. Il en résulte que, bien que les phrases de Plutarque (Isis et Osiris), de Porphyre (de Antro Nymph.), soient tirées immédiatement de la phrase du Banquet, elles n’en sont pas moins valables.