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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/923

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tout-à-fait inutile, et quelle a pu faire place à un enseignement explicite où la forme de la pensée est aussi sérieuse que la pensée elle-même. Platon est le dernier artiste philosophique. Dans le mythe du Phèdre, par exemple, on peut dire que l’ironie de Platon imite celle de la religion et de la nature, comme dans la discussion sur l’écriture elle imite celle de Socrate. En effet, quelle que soit la beauté|du mythe du Phèdre, nous n’hésitons pas à soutenir que l’ironie y est beaucoup trop voilée, et que la pensée n’y domine pas assez sa forme, ce qui trahit la main du jeune homme. Et cela est si vrai que Platon est forcé, de peur d’abuser le lecteur, de lui dire plus tard positivement qu’il ne doit pas s’y tromper, que tout ceci n’est pas sérieux, que c’est un badinage, un mythe, où il y a -moitié vérité et moitié erreur, page 96, et il s’excuse sur ce que, en traitant du délire, une apparence de délire n’est pas malséante. L’excuse ne vaut rien. Il fallait que l’ironie fût si transparente qu’il n’eût pas besoin de la démasquer lui-même. Platon ressemble ici à un artiste qui, ayant fait un portrait ou une statue, se.défierait tellement de la ressemblance qu’il écrirait au-dessous le nom de l’original. Sans doute une ironie qui ne se trahirait pas du tout, serait fort mauvaise; Platon ne serait plus alors un philosophe religieux, il serait un prêtre. D’un autre coté une iro-