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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/943

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ADDITIONNELLES.

plus forte accabla l’autre. D’abord, la religion menacée se suscita pour vengeur un poète qui attaqua les innovations dans la personne de Socrate, seulement par le ridicule ; enfin, le mal s’accroissant et le ridicule poétique étant impuissant, la religion appela l’état à son secours pour la délivrer de leur impitoyable adversaire, sauf à Aristophane et à Socrate, dans l’intervalle de la représentation des Nuées à l’accusation capitale, à souper, ensemble chez Agathon.

C’est ainsi qu’il faut concilier le passage du Banquet et celui de l’Apologie. Dans le Banquet les individus seuls sont en présence et conversent amicalement ; dans l’Apologie les causes mêmes sont aux prises, et on peut placer Aristophane très-justement parmi ceux qui ont amené le triste dénoûment qui se prépare. En effet comment supposer que les Nuées n’aient pas préparé le peuple et le magistrat à voir dans Socrate un citoyen équivoque, un novateur dangereux, digne du sort d’Anaxagore et de Prodicus ? Les Nuées ne soulevèrent pas l’accusation contre Socrate, mais lui frayèrent la voie. Ce qui avait produit la comédie l’accrédita, et quand le temps fut venu, la convertit en accusation, La seule différence est celle du premier acte d’un drame à son dernier.

On insiste, et on soutient que l’effet des Nuées dut être d’autant moindre, et se perdre d’autant plus aisé-