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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/63

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HERMOGÈNE.

Il est vrai.

SOCRATE.

Et quelle autre opinion pourras-tu attribuer à celui qui a placé en tête de la généalogie des dieux Rhéa et Cronos ? Crois-tu que c’est au hasard qu’il leur a donné à tous deux des noms de courants[1] ? Et bien, c’est sûrement dans le même sens qu’Homère a dit :

L’Océan, père des dieux, et leur mère Téthys[2].

Je crois qu’Hésiode en dit autant[3], et quelque part dans Orphée se trouvent ces vers[4] :

L’Océan au flux majestueux s’unit le premier par l’hymen
Avec sa sœur Téthys, née de la même mère.

Considère combien ces témoignages s’accordent entre eux et comme tous ils vont bien à la doctrine d’Héraclite.

HERMOGÈNE.

Tu me parais avoir raison, Socrate ; mais ce

  1. Rhéa, de ῥέω, couler. Quant à Cronos, Socrate oublie l'’étymologie qu'il en a donnée plus haut, et paraît le faire venir ici de κροῦνος, fontaine.
  2. Iliade, liv. XIV, v. 102.
  3. Théogonie, ν. 337. Maîs cette idée n'est nulle part énoncée dans Hésiode, aussi expressément.que Socrate paraît le croire. Dans le passage que nous indiquons, Hésiode ne fait naître de l'Océan et de Thétys que les fleuves et les Océanides, et non pas tous les dieux.
  4. Hermann, Orphica, p. 473.