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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/669

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TIMÉE.

composé le monde de tout le feu, de toute l’eau, de tout l’air et de toute la terre ; et il n’a laissé en dehors aucune partie ni aucune force de ces éléments, [32d] d’abord afin que l’animal entier fût aussi parfait que possible, étant composé de parties [33a] parfaites ; ensuite afin qu’il fût un, n’y ayant rien de reste dont aurait pu naître quelque autre chose de semblable ; en dernier lieu afin qu’il fût exempt de vieillesse et de maladie ; car Dieu savait que la nature des corps composés est telle que le froid, la chaleur et tous les agents extérieurs, en s’y appliquant à contre-temps, les dissolvent, amènent la décrépitude et les maladies, et les font périr.

Voilà le motif et le raisonnement qui firent faire à Dieu des différents touts un tout unique, parfait, exempt de vieillesse et de maladie. [33b] Dieu donna au monde la forme la plus convenable et la plus appropriée à sa nature ; or la forme la plus convenable à l’animal qui devait renfermer en soi tous les autres animaux ne pouvait être que celle qui renferme en elle toutes les autres formes. C’est pourquoi, jugeant le semblable infiniment plus beau que le dissemblable, il donna au monde la forme sphérique, ayant partout les extrémités également distantes du centre, ce qui est la forme la plus parfaite et la plus semblable à elle-même. Il polit toute [33c] la surface de ce