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Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/693

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TIMÉE.

[46c] lorsque la surface polie d’un miroir, recourbée en avant des deux côtés, renvoie le feu qui vient de la droite du spectateur vers la partie gauche de l’image, et réciproquement. Ce même miroir, placé en travers devant le visage, présente l’image renversée, parce qu’alors c’est le bas qui est renvoyé vers le haut et le haut vers le bas[1].

Tout cela est du nombre des causes secondaires dont Dieu se sert pour représenter l’idée du bien aussi parfaitement qu’il est possible. [46d] La plupart des hommes les regardent, non comme des causes secondaires, mais comme les principales causes de toutes choses, parce qu’elles refroidissent, échauffent, condensent, liquéfient et produisent d’autres effets semblables. Mais il ne peut y avoir en elles ni raison ni intelligence. Car, de tous les êtres, le seul qui puisse posséder l’intelligence est l’âme ; or, l’âme est invisible, tandis que le feu, l’eau, la terre et l’air sont tous des corps visibles. Mais, celui qui aime l’intelligence et la science doit rechercher comme les vraies causes [46e] premières les causes intelligentes, et mettre au rang des causes secondaires, toutes celles qui sont mues et qui meuvent néces-

  1. Sur cette théorie des miroirs, voyez Schneider, Eclog. phys., t. II, p. 210. Voyez aussi le passage du Sophiste, p. 318 du t. 11.