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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/11

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INTRODUCTION


I

POLITIQUE ET PHILOSOPHIE CHEZ PLATON

Les exposés les plus classiques du Platonisme ont coutume de nous présenter en ordre didactique les parties successives d’un système complet : théorie de l’être et du connaître ; théorie de la nature ; morale, politique, pensées sur la religion et l’art. Les titres peuvent changer, les méthodes et les conclusions peuvent s’opposer absolument, la place faite à la politique ne change pas : dans une dogmatique cherchée et construite pour elle-même, la politique vient s’insérer tardivement comme une conséquence déjà lointaine, sinon comme un surcroît. Si utiles que puissent être de tels exposés, ils nous ont habitués, fût-ce même contre le gré de leurs auteurs, sinon à négliger totalement la politique de Platon, du moins à la regarder comme originellement distincte de sa philosophie et à nous demander par quelles voies détournées celle-ci l’engendre ou se l’annexe. Or, Platon n’est venu en fait à la philosophie que par la politique et pour la politique, et si, chez lui, philosophie et politique viennent à se distinguer et à se séparer, nous aurions à nous demander en quelle mesure, à quels moments, pour combien de temps. La philosophie ne fut originellement, chez Platon, que de l’action entravée, et qui ne se renonce que pour se réaliser plus sûrement. C’est ce que nous atteste la Lettre VII, cette source biographique si précieuse, qu’ont toujours exploitée, bon gré mal gré, ceux-là mêmes qui la jugeaient apocryphe. Mais un simple fait matériel nous montre la persistance de cette orientation première. Les deux plus grandes œuvres de Platon, celle où s’épanouit sa maturité, et celle que put à peine