Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cxliii
INTRODUCTION

Campbell, suivi par Burnet, a fait état dans son édition, à savoir le Venetus 185 (D[1]) dont je viens de parler et le Malatestianus ou Caesenas pl. XXVIII, 4 (M). Campbell a eu raison d’en tenir compte, puisqu’il ne connaissait pas F. Mais depuis que Burnet a mis en lumière la grande originalité de F, ces deux manuscrits sont devenus à peu près superflus ; car ils sont une contamination de A et de F ; M est beaucoup plus près de A et de T, D beaucoup plus près de F. M en effet ne diffère guère de A et de T que par un petit nombre de variantes et par une accentuation plus exacte de certains mots qui, selon le sens, portent des accents différents. Je ne l’ai pas collationné : je me suis borné à utiliser les apparats de Campbell et Burnet, où j’ai relevé quelques leçons. Pour D, plus important, je l’ai collationné sur une photographie. J’y retrouve la tradition de A dans une petite moitié des leçons, dans les deuxièmes personnes en ει du présent ou du futur passifs et moyens, dans la forme pour ἦν (328 c), dans l’emploi fréquent du ν éphelcystique devant un mot commençant par une consonne, etc. ; mais sur le fonds pris à A le copiste a transplanté une grande partie des leçons propres à F. L’activité des copistes est en effet plus grande qu’on ne le croit généralement. Ils ne copient pas toujours servilement, tant s’en faut ; ils choisissent souvent entre deux ou plusieurs exemplaires, et ne se font pas scrupule de corriger ce qui leur semble incorrect ; ils ajoutent même au texte pour le rendre plus clair. C’est par là que s’expliquent pour moi des additions qui ont paru très importantes à Campbell ; ainsi 333 b la malencontreuse addition οἰκοδομικοῦ τε καί, 370 d celle de ἢ οὔ, sorte de formule qui complète souvent une interrogation, celle de διαμάχεσθαι 374 a qui est inutile, celle de ἀλλὰ σκυτοτόμον 374 b, plus plausible, mais non nécessaire. Les autres divergences de AF et de D sont je crois des corrections de copiste, par exemple 337 c ἀποκρινεῖσθαι que le sens exige, au lieu de ἀποκρίνεσθαι AF, ποιεῖν pour ποιεῖ AF 352 a, et πάρεργον 411 e pour εἰπερ ἔργον A ou πάρεργον F, προϊὸν 536 d pour προιὼν F et προσιὸν A, toutes corrections qui se présentent d’elles-mêmes. Il n’est d’ailleurs pas impos-

  1. Ce manuscrit a deux lacunes importantes : la première va de 507 e après ὃ δὴ jusqu’à 515 d après ἀληθέστερα ; la deuxième, de 612 après ἔστι ταὖτα jusqu’à la fin.