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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/180

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332 e
12
LA RÉPUBLIQUE

e Et aux navigateurs, à l’égard des dangers de la mer ?

Le pilote.

Et le juste, en quelle occasion et pour quelle œuvre est-il le plus capable d’aider ses amis et de nuire à ses ennemis ?

À la guerre, pour attaquer les uns et défendre les autres, ce me semble.

Fort bien ; mais, mon cher Polémarque, on n’a que faire du médecin, quand on n’est pas malade.

C’est vrai.

Ni du pilote, quand on n’est pas sur mer.

Sans doute.

À ce compte on n’a que faire non plus de l’homme juste, lorsqu’on n’est pas en guerre[1] ?

Ceci ne me semble pas du tout exact.

333 La justice est donc utile aussi en temps de paix ?

Elle est utile.

Et l’agriculture aussi, n’est-ce pas ?

Oui.

Pour recueillir les fruits de la terre ?

Oui.

Le métier de cordonnier est utile aussi ?

Oui.

Tu pourrais ajouter, n’est-ce pas, qu’il l’est pour nous procurer des chaussures ?

Sans doute.

Et la justice, pour quel usage et quelle acquisition peux-tu dire qu’elle est utile en temps de paix ?

Pour les conventions, Socrate.

Entends-tu par là des associations ou quelque autre chose ?

Oui, des associations.

b Ceci posé, quel est le bon et utile associé pour placer les pièces au trictrac, l’homme juste ou le joueur de profession ?

Le joueur de profession.

    que ce soit, mais de son contraire, c’est-à-dire de l’homme injuste. »

  1. On saisit ici le procédé favori de Socrate qui tire ses conclusions morales et philosophiques de l’analogie des arts, analogie souvent moins probante qu’il ne le pense.