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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/314

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376 e
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LA RÉPUBLIQUE


Il faut rejeter
de l’éducation
les fables
qui défigurent
les dieux
et les héros.

XVII  Quelle éducation[1] leur donnerons-nous ? Il est difficile, n’est-ce pas ? d’en trouver une meilleure que celle qui s’est établie au cours des âges, je veux dire la gymnastique pour le corps et la musique pour l’âme.

Nous avons en effet l’une et l’autre.

Cette éducation ne commencera-t-elle pas par la musique plutôt que par la gymnastique ?

Cela va de soi.

Or la musique comporte des discours : l’admets-tu ou ne l’admets-tu pas ?

Je l’admets.

Mais n’y a-t-il pas deux espèces de discours, les vrais et les mensongers ?

Si.

377Les uns et les autres entreront dans notre enseignement, mais d’abord ceux qui sont mensongers.

Je ne saisis pas, dit-il, ce que tu veux dire.

Tu ne saisis pas, dis-je, qu’on commence l’éducation des enfants en leur contant des fables ? Or ces fables ne sont en somme que des mensonges, malgré les quelques vérités qui s’y mêlent. On se sert de ces fables pour l’instruction des enfants avant de les envoyer au gymnase.

C’est vrai.

Voilà pourquoi je disais qu’il faut entamer la musique avant la gymnastique.

C’est juste, dit-il.

Ne sais-tu pas qu’en toutes choses la grande affaire est le commencement, principalement pour tout être jeune et tendre, bparce que c’est à ce moment qu’on façonne et qu’on enfonce le mieux l’empreinte dont on veut marquer un individu ?

C’est bien certain.

En ce cas laisserons-nous à la légère les enfants prêter l’oreille à n’importe quelle fable imaginée par le premier venu

  1. Le programme d’éducation contenu dans les livres II et III vise à assainir la τρυφῶσα πόλις et à compléter la peinture de la deuxième cité idéale de Platon. Il faut se rappeler que le but de cette discipline préliminaire est de former le caractère plutôt que