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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/336

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LA RÉPUBLIQUE

il y en a une que nous n’approuverons pas : c’est le songe envoyé par Zeus à Agamemnon[1]. Nous n’approuverons pas davantage le passage d’Eschyle où Thétis dit qu’Apollon bchantant à ses noces

« lui prédisait une heureuse fécondité, et des enfants destinés à une longue vie exempte de maladies. Après avoir annoncé que les dieux veilleraient avec amour sur toute ma destinée, il entonna le péan et releva mon courage. Et moi je m’imaginais que le mensonge n’avait point de place dans la divine bouche de Phébus, d’où jaillissent les oracles. Or ce dieu, qui chantait lui-même, qui était assis lui-même au banquet, qui m’avait lui-même prédit cet avenir, c’est lui-même qui a tué mon enfant[2]. »

cQuand un poète parlera ainsi des dieux, nous nous fâcherons et ne lui accorderons pas de chœur et nous ferons la même défense aux maîtres chargés d’instruire la jeunesse, si nous voulons que nos gardiens deviennent pieux et semblables aux dieux, autant que la faiblesse humaine le permet. Je donne, dit-il, une entière adhésion à ces règles et je suis prêt à les prendre pour lois.


  1. Iliade, II, 1-34.
  2. Ces vers sont peut-être tirés, comme Schneider le conjecture, de l’Ὅπλων κρίσις (jugement des armes) d’Eschyle, pièce où figurait Thétis (Schol. d’Aristoph. Ach. 883).