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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/338

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LIVRE III



386Il faut
rejeter les fables
qui font
craindre la mort.

I  Voilà, dis-je, quels sont nos principes de théologie ; tels sont les discours que nous tiendrons ou ne tiendrons pas dès leur enfance à des hommes qui devront honorer les dieux et leurs parents et se faire un devoir de s’aimer mutuellement.

Ces prescriptions, dit-il, me paraissent fort bonnes.

Mais, s’ils doivent être braves, ne faut-il pas, outre ces discours, leur en tenir aussi qui soient propres à leur ôter autant que possible la crainte de la mort ? bou crois-tu qu’on puisse être brave en gardant cette crainte au cœur ?

Non, par Zeus, dit-il, je ne le crois pas.

Mais quand on croit à l’Hadès et qu’on s’en fait un épouvantail, penses-tu qu’on puisse rester intrépide devant la mort et la préférer dans les combats à la défaite et à l’esclavage ?

Nullement.

Il faut donc surveiller encore, semble-t-il, ceux qui s’aventurent à traiter ces fables et les prier de peindre de belles couleurs le monde de l’Hadès[1], au lieu de le noircir niaisement comme ils le font, attendu que leurs récits ne sont ni vrais ni utiles cà des gens appelés au métier de la guerre.

Il le faut assurément, dit-il.

Effaçons donc, dis-je, à commencer par les vers que je vais citer, toutes les assertions comme celles-ci :

  1. Dans la mythologie, Platon n’envisage que le point de vue utilitaire : ce que disent les poètes est nuisible au courage ; ils n’ont qu’à dire le contraire ; le courage s’en trouvera fortifié. La vérité en cette matière le cède à l’utilité. Platon se sert de la religion comme d’un moyen de gouvernement.