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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VI.djvu/396

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LA RÉPUBLIQUE

Je le vois.

Il faut, repris-je, un régime plus affiné pour des athlètes guerriers qui, comme les chiens, doivent toujours être en éveil, avoir l’ouïe et la vue la plus aiguë possible, et tout en bchangeant souvent en campagne d’eaux et d’aliments, en s’exposant tour à tour aux soleils brûlants et au froid des hivers, conserver une santé inaltérable.

C’est mon avis.

Dès lors la meilleure gymnastique n’est-elle pas sœur de la musique dont nous avons traité tout à l’heure ?

Que veux-tu dire ?

Je veux dire une gymnastique simple, mesurée et qui soit avant tout un entraînement à la guerre.

Comment le sera-t-elle ?

Homère, dis-je, suffirait à nous l’apprendre. Car tu sais que, quand il fait manger ses héros en campagne, il ne les nourrit ni de poisson, cbien qu’ils soient au bord de la mer, sur l’Hellespont, ni de viandes bouillies, mais seulement de viandes rôties, qui sont justement les plus faciles à apprêter pour des soldats ; car presque partout il est plus aisé de se servir simplement du feu que de porter des ustensiles avec soi.

Oui, certes.

Quant à des assaisonnements jamais non plus, je crois, Homère n’en a fait mention. Les autres athlètes eux-mêmes ne savent-ils pas que, pour se maintenir en forme, il faut s’abstenir de toutes ces superfluités ?

Ils font bien, dit-il, de le savoir et de s’en abstenir.

dQuant au régime syracusain[1] et aux ragoûts variés des Siciliens, il ne semble pas, cher ami, que tu les approuves, si nos prescriptions te paraissent justifiées.

    temps une sorte de médecin, et c’est avant tout le côté hygiénique de la gymnastique qui intéresse ici Platon. Poschenrieder (Die Platonischen Dialoge in ihrem Verhältnisse zu den Hippocratischen Schriften (Landshut, 1883) a montré que Platon avait en cette question subi l’influence des doctrines d’Hippocrate et de son école. Sur la gymnastique platonicienne on peut lire le livre de Kanter, Platos Anschauungen über Gymnastik, Graudenz, 1886 et les remarques excellentes de Nettleship, Hell., pp.  132-134.

  1. Sur la gloutonnerie des Syracusains voir Plat. Ép. VII 326 B.