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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 1.djvu/288

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LIVRE VII



514L’allégorie de
la caverne.

I  Maintenant, repris-je, représente-toi notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation, d’après le tableau que voici[1]. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne, dont l’entrée, ouverte à la lumière, s’étend sur toute la longueur de la façade ; ils sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou pris dans des chaînes, ben sorte qu’ils ne peuvent bouger de place, ni voir ailleurs que devant eux ; car les liens les empêchent de tourner la tête ; la lumière d’un feu allumé au loin sur une hauteur brille derrière eux ; entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée ; le long de cette route figure-toi un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent entre eux et le public et au-dessus desquelles ils font voir leurs prestiges.

Je vois cela, dit-il.

Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant cdes ustensiles de toute sorte, qui dépassent la hauteur du mur, 515et des figures d’hommes et d’animaux, en pierre, en bois, de toutes sortes de formes ; et naturellement parmi ces porteurs qui défilent, les uns parlent, les autres ne disent rien.

Voilà, dit-il, un étrange tableau et d’étranges prisonniers.

Ils nous ressemblent, répondis-je. Et d’abord penses-tu que dans cette situation ils aient vu d’eux-mêmes et de leurs

  1. La célèbre allégorie de la Caverne se rattache étroitement au symbole de la ligne, qui termine le livre précédent. La ligne représente les quatre genres d’objets connaissables dont se compose l’univers. L’allégorie tire de cette division les conséquences relatives à