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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/124

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LA RÉPUBLIQUE IX

Certainement, dit-il.

580Mais outre ces maux, ne faut-il pas lui attribuer encore ceux dont nous avons parlé précédemment, maux qui étaient nécessairement en lui et que le pouvoir développe encore davantage, je veux dire l’envie, la perfidie, l’injustice, le manque d’amis, l’impiété et les vices de toute sorte dont il est l’hôte et le nourricier, et qui sont cause qu’il est le plus malheureux des hommes et qu’ensuite il rend malheureux aussi ceux qui l’approchent ?

Aucun homme sensé, dit-il, ne te contredira.

Eh bien maintenant, repris-je, comme le juge suprême[1] prononce son arrêt, déclare, btoi aussi, à qui tu décernes le premier rang au point de vue du bonheur, à qui le second, et classe-les tous les cinq, le royal, le timocratique, l’oligarchique, le démocratique, le tyrannique.

Le jugement est facile, dit-il. C’est dans l’ordre où ils sont entrés en scène, comme les chœurs, que je les range, suivant le rapport qu’ils ont à la vertu et au vice, au bonheur et à son contraire.

Et maintenant, repris-je, louerons-nous un héraut ou dois-je proclamer moi-même que le fils d’Ariston a jugé que le meilleur et le plus juste cest le plus heureux, et que cet homme est celui qui a l’âme la plus royale et qui règne sur lui-même, que d’autre part le plus mauvais et le plus injuste est le plus malheureux, et que cet homme est celui qui, étant du caractère le plus tyrannique, exerce sur lui-même et sur l’État la tyrannie la plus absolue ?

Proclame, dit-il.

Ajouterai-je à cette proclamation, dis-je, qu’il n’importe en rien que les hommes et les dieux les connaissent ou ne les connaissent pas pour ce qu’ils sont ?

Ajoute-le, dit-il.

    trouver réunies les choses les plus curieuses à voir. Or les tyrans ne se soucient guère de ces fêtes ; car il ne serait pas sûr pour eux d’aller où ils ne seraient pas plus forts que la foule, et leurs affaires ne sont pas chez eux assez solides pour qu’ils puissent les confier à d’autres et s’en aller en voyage (trad. P. Chambry). Sur les rapports de l’Hiéron et de la République, v. ibid. Notice p. 413.

  1. Sur ce juge suprême dans les concours dramatiques ou les compétitions musicales, v. Adam, Rép. II, p. 340.