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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/134

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LA RÉPUBLIQUE IX

583Ainsi des trois plaisirs en question, le plaisir de cette partie de l’âme par laquelle nous connaissons est le plus agréable et l’homme en qui cette partie-là commande a la vie la plus agréable.

Il est impossible qu’il en soit autrement, dit-il ; car le sage est un juge compétent, quand il loue sa propre vie.

Quelle vie, demandai-je, et quel plaisir notre juge mettra-t-il au second rang ?

Il est clair que ce sera le plaisir du guerrier et de l’ambitieux ; car il approche beaucoup plus du sien que le plaisir de l’homme intéressé.

Le dernier rang sera donc, à ce qu’il paraît, pour le plaisir de l’homme intéressé.

Sans doute, dit-il.


Troisième
démonstration
fondée sur la réalité
et la pureté relative
des plaisirs.

bIX  Voilà donc deux démonstrations qui se succèdent, deux victoires que le juste remporte sur l’injuste. Pour la troisième, adressons-nous, comme des athlètes d’Olympie, à Zeus sauveur et olympien. Considère qu’à part le plaisir du sage, le plaisir des autres n’est ni bien réel ni pur ; ce n’est qu’une ombre de plaisir, comme je crois bien l’avoir entendu dire à un sage ; et s’il en est ainsi, ce pourrait bien être pour l’injuste la grande chute, la chute décisive.

Oui, mais explique-toi.

Voici comment je vais le démontrer, si tu veux aider à mon enquête cpar tes réponses.

Interroge donc, dit-il.

Et toi, réponds, repartis-je. Ne disons-nous pas que la douleur est le contraire du plaisir ?

Si, bien sûr.

Ne peut-on pas dire aussi qu’il y a un état où on ne sent ni joie ni peine ?

Si, assurément.

Et qu’entre ces deux sentiments, à égale distance de l’un et de l’autre, il y a une sorte de repos de l’âme par rapport à chacun d’eux ? N’est-ce pas ainsi que tu vois la chose ?

Si, dit-il.

Ne te rappelles-tu pas, repris-je, les discours que tiennent les malades, quand ils souffrent ?