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LA RÉPUBLIQUE IX

Ne peut-on pas remplir ces vides, soit en prenant de la nourriture, soit en acquérant de l’intelligence ?

Sans doute.

Mais qu’est-ce qui produit la plénitude la plus réelle, ce qui a moins, ou ce qui a plus de réalité ?

Évidemment ce qui a plus de réalité.

Alors, de ces deux genres de choses, quel est, selon toi, celui qui participe le plus de l’existence pure ? Est-ce le genre qui comprend le pain, la boisson, la viande et la nourriture en général, ou celui de l’opinion vraie, de la science, de l’intelligence et en général de toutes les vertus ? cPose la question de cette manière. Ce qui tient de l’être immuable, immortel et véritable, ce qui est soi-même de cette nature et se produit dans un sujet de cette nature te paraît-il avoir plus de réalité que ce qui tient de choses toujours changeantes et mortelles, qui est soi-même de cette nature et se produit en un sujet de cette nature ?

Il y a beaucoup plus de réalité, dit-il, dans ce qui tient de l’être immuable.

Mais la réalité de l’être toujours changeant[1] participe-t-elle plus de l’existence que de la science ?

Non.

Et que de la vérité ?

Non plus.

Si elle participe moins de la vérité, ne participe-t-elle pas moins aussi de l’existence ?

Forcément.

dDonc en général le genre des choses qui servent à l’entretien du corps participe moins de la vérité et de l’essence que le genre des choses qui servent à l’entretien de l’âme ?

Beaucoup moins.

Et le corps lui-même, ne crois-tu pas qu’il participe de l’essence moins que l’âme ?

Si.

Ainsi ce qui se remplit de choses plus réelles et qui est lui-même

  1. Il est difficile de tirer un sens plausible du texte des manuscrits ἀεὶ ὁμοίου. Parmi les corrections proposées, je n’en vois pas de plus simple que celle d’Adam ἀεὶ ἀνομοίου. Voir sa note Rép. II, p. 354 et l’appendice VI, p. 381.