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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/192

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LA RÉPUBLIQUE X

Mais la faculté qui s’en rapporte à la mesure et au calcul est la meilleure partie de l’âme.

Sans contredit.

Donc ce qui s’oppose à elle est une des parties inférieures de nous-mêmes.

Nécessairement.

C’est à cet aveu que je voulais vous amener, quand je disais que la peinture et en général tout art imitatif accomplit son œuvre loin de la vérité, et que d’autre part il a commerce, bliaison et amitié avec la partie de nous-mêmes qui répugne à la sagesse, et ne vise à rien de sain ni de vrai.

C’est très exact, dit-il.

Ainsi, médiocre accouplée à médiocre, l’imitation n’engendre que du médiocre.

Il semble.

S’agit-il seulement, demandai-je, de l’imitation qui s’adresse aux yeux, ou aussi de celle qui s’adresse à l’oreille et que nous appelons poésie ?

De cette dernière aussi, naturellement, dit-il.

Maintenant, repris-je, ne nous en rapportons pas uniquement à l’analogie de la poésie avec la peinture ; pénétrons aussi jusqu’à cette partie même de l’esprit avec laquelle l’imitation poétique a commerce cet voyons si cette partie est vile ou estimable.

On ne peut s’en dispenser.

Posons la question de cette manière. La poésie imitative, disons-nous, représente les hommes dans des actions forcées ou volontaires[1], en conséquence desquelles ils se croient heureux ou malheureux et s’abandonnent en chaque occurrence à la douleur ou à la joie. Fait-elle quelque chose de plus que cela ?

Rien.

Or dans toutes ces situations l’homme est-il d’accord avec lui-même, ou bien, dcomme il était en désaccord[2] relative-

  1. Cf. Aristote, Poétique VI, 1449b 24 : Ἐστιν οὖν τραγῳδία μίμησις πράξεως σπουδαίας καὶ τελείας, μέγεθος ἐχούσης, ἡδυσμένῳ λόγῳ etc., et Platon Lois 817 a sqq.
  2. Voir 602 sqq.