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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/54

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LA RÉPUBLIQUE VIII


Son caractère.

XI  Comment donc, repris-je, ces gens-là s’administrent-ils et que peut être un gouvernement de cette sorte ? Il est évident que l’homme qui lui ressemble bnous apparaîtra comme étant l’homme démocratique.

C’est évident, dit-il.

N’est-il pas vrai que tout d’abord on est libre dans un tel État, et que partout y règne la liberté[1], le franc parler, la licence de faire ce que l’on veut ?

On le dit du moins, fit-il.

Mais partout où règne cette licence, il est clair que chacun peut s’y faire un genre de vie particulier, suivant sa propre fantaisie.

C’est clair.

On trouvera donc, repris-je, des hommes de toute sorte dans ce gouvernement cplus que dans tout autre.

Sans doute.

Cette constitution, dis-je, a bien l’air d’être la plus belle de toutes. Comme un manteau bigarré, nué de toute sorte de couleurs, ce gouvernement bariolé de toutes sortes de caractères pourrait bien paraître un modèle de beauté ; et il est bien possible, ajoutai-je, que, semblables aux enfants et aux femmes, chez qui la bigarrure émeut la curiosité, bien des gens le considèrent effectivement comme le plus beau.

Je n’ai pas de peine à le croire, dit-il.

Et c’est là, bienheureux homme, dis-je, que tu as beau jeu pour chercher dune constitution.

Comment ?

Parce que, grâce à la liberté qui y règne, il contient tous les genres de constitution, et il semble que, si l’on veut fonder un État, comme nous venons de le faire, on n’a qu’à se rendre dans un État démocratique et à y choisir le régime qu’on préfère : c’est une foire aux constitutions où l’on peut venir choisir le modèle qu’on veut reproduire.

On peut croire en effet, dit-il, que les modèles n’y manquent epas.

  1. La liberté est la base du gouvernement démocratique, dit Aristote, Pol. Ζ 3 1317a 40. Elle embrasse, selon lui, deux idées 1o τὸ ἐν μέρει ἄρχεσθαι καὶ ἄρχειν, 2o τὸ ζῆν ὡς βούλεται τις.