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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/76

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LA RÉPUBLIQUE VIII

C’est vrai, répondit-il.


Trois classes
de citoyens :
les frelons,
les pauvres
et les riches.

Eh bien, repris-je, j’entendais par là l’engeance des hommes oisifs et prodigues, les uns plus courageux qui sont à la tête, les autres plus lâches qui vont à la suite ; ce sont ces gens-là que nous assimilons, les uns à des frelons armés d’aiguillons, les autres à des frelons sans aiguillon.

Et à juste titre, fit-il.

Or, repris-je, ces deux espèces d’hommes, en quelque corps politique qu’elles se rencontrent, y jettent le même désordre que la pituite et la bile dans le corps ; ce sont deux fléaux que le bon médecin cet le sage législateur doivent surveiller de loin, à l’exemple d’un habile apiculteur, d’abord pour en empêcher la naissance, et, s’ils n’y réussissent pas, pour les retrancher le plus vite possible avec les alvéoles mêmes.

Oui, par Zeus, s’écria-t-il, c’est bien ce qu’il faut faire.

Voici maintenant comment il faut nous y prendre, pour voir plus clairement ce que nous cherchons.

Comment ?

Partageons par la pensée l’État démocratique en trois classes, dont il est en effet composé[1]. La première est cette engeance que la licence y développe den aussi grand nombre que dans l’oligarchie.

C’est vrai.

Seulement elle y est beaucoup plus virulente que dans l’oligarchie.

Comment ?

C’est que dans l’oligarchie, tenue en mépris et à l’écart des magistratures, elle est inexercée et sans force, au lieu que, dans la démocratie, c’est elle qui commande à peu près exclusivement, et ce sont les plus violents de ces meneurs qui parlent et qui agissent ; le reste, assis autour des tribunes,

  1. Cf. Euripide, Suppl. 238-245 : « Il y a trois classes de citoyens : les riches qui sont inutiles… ; puis ceux qui ne possèdent rien…, violents, envieux surtout, lançant leurs méchants aiguillons contre ceux qui possèdent, dupés par les discours de chefs malfaisants. C’est la classe moyenne qui sauve les États, en maintenant dans la cité l’ordre établi. »