Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ix
NOTICE GÉNÉRALE

demment Olympiodore s’est mépris sur la pensée de Proclus[1].

Peu à peu, cependant, les difficultés surgirent. L’étude du texte même des Lettres, peut-être l’usage parfois intempérant qui était fait de leur témoignage, provoqua des hésitations et des méfiances. Il ne nous a pas été possible de suivre l’histoire de la collection depuis la fin du néo-platonisme jusqu’à l’époque de la Renaissance. Probablement les Lettres ont, durant cette période, subi le sort de tant d’autres œuvres de la littérature grecque : elles restèrent ignorées. On se mit à les relire au xvie siècle quand de nouveau on se prit d’un bel engouement pour Platon, et dès lors aussi la critique commença à s’exercer sur elles. Sans doute, on ne jeta pas de prime abord la suspicion sur toutes, mais telle ou telle n’était accueillie qu’avec beaucoup de réserve, ou même était résolument abandonnée. Ainsi Ficin, plein de défiance pour la 13e lettre, n’en voulut pas donner de version. À cause d’une contradiction entre le Timée, où se trouve affirmée l’existence d’une multiplicité de dieux, et cette même 13e lettre, qui prétend donner, comme signe de l’importance relative des lettres, l’usage de la formule « Dieu » et non « les dieux », Cudworth, au xviie siècle, regarde cette 13e lettre comme un faux dont un chrétien serait l’auteur : « Quæ cum ita sint, non possum, quin decimam hanc tertiam Platonis ad Dionysium epistolam, quamuis ante Eusebii jam exstiterit tempora, Christiani hominis dolum et commentum esse, pronuntiem, cuius immoderatum erga religionem, quam profitebatur, studium exigua rerum ueterum temperauerit cognitio. Nec dissentiunt, qui Platonem ediderunt, doctissimi homines, uerum omnes epistolæ huic uocem νοθεύεται, ut fucatæ mercis signum, præfixerunt[2]. »

La question se trouvait désormais posée. La tranquille possession de plusieurs siècles ne suffisait plus. On commen-

  1. Voir sur cette question Zeller, Hermes XV, 548, et Freudenthal, Hermes XVI, 201. De plus, Zeller, Die Philosophie der Griechen, 4e édit., II, 1, p. 474 n. 3 et III, 2, p. 836, n. 4.
  2. Systema intellectuale huius Vniuersi, London, 1678, IV, § 23.