Aller au contenu

Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338 d
47
LETTRE VII

qu’il avait appris de moi toute ma doctrine. Celui-ci, qui n’avait d’ailleurs pas du tout l’esprit fermé, était extrêmement vaniteux. Peut-être aussi trouvait-il du plaisir à ces questions et avait-il honte de trop montrer qu’il n’avait e rien appris lors de mon séjour là-bas. De là naquit son désir d’être éclairé plus à fond, et il était en même temps poussé par la gloriole. — Pourquoi il n’avait pas suivi mes leçons au temps de mon premier voyage, je l’ai raconté plus haut[1]. — Comme j’étais donc rentré heureusement chez moi et refusais de répondre à son second appel, ainsi que je viens de le dire, Denys, me semble-t-il, fut saisi de l’inquiétude vaniteuse de passer auprès de certaines gens pour ne pas compter à mes yeux, comme si, expérience faite de son naturel, de son caractère, 339 de sa manière de vivre, j’étais assez mécontent pour ne plus vouloir me rendre chez lui. Mais je dois en toute justice dire la vérité et accepter qu’après connaissance des faits, on méprise ma propre philosophie et on estime, au contraire, la sagesse du tyran. Donc Denys, me convoquant une troisième fois[2], m’envoya une trirème pour la facilité du voyage ; il m’envoya aussi Archédèmos, un des Siciliens dont je faisais, pensait-il, le plus de cas, un des disciples d’Archytas, b et quelques autres de mes connaissances siciliennes. Tous me rapportaient les mêmes nouvelles sur les merveilleux progrès que Denys avait faits en philosophie. Il m’expédia aussi une lettre très longue, connaissant bien mes sentiments pour Dion et le désir de ce dernier de me voir m’embarquer pour Syracuse[3]. La lettre conçue d’après toutes ces données, commençait à peu près ainsi : « Denys à Platon ». — Puis venaient les compliments d’usage, et, sans c transition, elle ajoutait aussitôt : « Si tu te laisses con-

  1. Cf. 330 b.
  2. La troisième convocation s’explique par le refus mentionné plus haut : καὶ καλοῦντος τὸ δεύτερον ἀπηρνήθην 338 e. Elle ne suppose pas un troisième voyage de Platon sous le règne de Denys le Jeune. L’expression signifie simplement que Denys dut insister deux fois auprès de Platon pour le décider à accomplir ce deuxième voyage.
  3. Cf. Lettre III, 317. — Plutarque (Dion, c. 18) résume également ces pourparlers entre Denys et Platon. Il utilise les renseignements fournis par la Lettre VII, mais ajoute quelques détails provenant sans doute de sources différentes. Les précisions portent surtout sur les motifs qui poussaient Denys à rappeler Platon, et sur les intermédiaires dont se servait le tyran afin de faire pression sur