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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/26

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NOTICE GÉNÉRALE

nombre augmenta durant toute l’époque impériale. Les lettres de Phalaris[1], de Solon, de Thémistocle, de Socrate[2]… datent sans doute de ce temps. Soit par cupidité, soit par amour de l’art et par manière d’exercice, — de même qu’aujourd’hui, dans les écoles, on compose des discours de César ou des harangues de Napoléon, — soit encore, comme nous le disions plus haut, pour accréditer des opinions personnelles, les sophistes supposaient des correspondances d’hommes d’État, d’écrivains célèbres, d’orateurs, et les répandaient dans le public ou les faisaient circuler dans des cercles restreints d’initiés. Encore une fois, tout n’était pas supercherie volontaire et délibérée : plusieurs de ces productions n’étaient que purs exercices d’école, et leurs auteurs auraient été fort surpris s’ils avaient pu prévoir leurs succès. Dans la masse de documents parvenus jusqu’à nous, il n’est cependant guère facile de faire le départ entre les faux délibérés et les simples travaux de rhétorique. Tous sont conçus d’après un modèle identique. Les épistoliers ou leurs destinataires représentent en général des personnages en vue, et leurs lettres prennent la forme soit de courts billets où est exprimée avec une certaine recherche une pensée morale souvent assez insignifiante, soit de véritables opuscules qui tiennent du discours ou même du roman. L’auteur prend son thème dans l’histoire et laisse courir son imagination. À la façon d’Hérodote qui trouve dans ses sources le motif de ses enjolivements, à l’exemple de Xénophon choisissant pour héros de son œuvre un prince assez célèbre pour piquer la curiosité des lecteurs, mais trop estompé dans la brume de lointains horizons pour entraver la liberté artistique, les compositeurs épistolaires vont également chercher dans les anciennes traditions les sujets de leurs broderies :

  1. La dissertation de Richard Bentley, De Epistolis Phalaridis, Themistoclis…, écrite en 1697, a ouvert la voie à la critique et la première mis en garde contre ce genre de productions littéraires.
  2. Sur les lettres socratiques, voir la dissertation de Guilelmus Obens, Qua aetate Socratis et Socraticorum epistulae quae dicuntur scriptae sint, Aschendorff, 1912.