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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/32

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xxiv
NOTICE GÉNÉRALE

que soit l’habileté des faussaires, il est bien difficile qu’il ne leur échappe quelque expression, quelque tournure de phrase où l’on ne puisse saisir une particularité de leur temps. Mais là où nous rencontrons une parfaite harmonie de pensées, de faits, de langage avec l’époque où vivait Platon et avec Platon lui-même, là où nous ne découvrons aucune raison sérieuse de douter, où les difficultés se laissent, au contraire, aisément résoudre, pourquoi ne pas adopter la solution traditionnelle ? Pourquoi ne pas avouer l’authenticité des lettres quand elles satisfont aux conditions qui ont suffi à faire accepter celle des Dialogues ?

III

CARACTÈRE ET GROUPEMENT DES LETTRES PLATONICIENNES

Caractère.

Les treize lettres de la collection diffèrent notablement par leur forme et leur contenu : plusieurs sont de simples billets, d’autres présentent davantage l’aspect de lettres privées ou même de lettres d’affaires, enfin certaines constituent de véritables manifestes qui, par delà leurs destinataires avoués, s’adressent à un public bien plus large. L’étendue de ces dernières dépasse sensiblement la proportion normale d’une missive et atteint l’ampleur d’un discours ou d’une nouvelle. Ainsi la 7e lettre à elle seule égale le ier livre de la République. L’auteur a, du reste, éprouvé, comme Isocrate, le besoin de se disculper en faisant remarquer qu’on n’excède pas la mesure quand on dit exactement ce qu’il faut[1]. Cette simple observation dénote bien le souci de ne pas enfreindre les lois du genre.

L’intérêt de cette correspondance provient tout d’abord de ce qu’elle fait revivre pour nous l’activité politique de Platon. Elle nous apprend que l’Académie était, autant peut-être qu’une école de dialecticiens, une pépinière de législateurs,

  1. VII, 352 a.