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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/51

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LETTRE VII

contraire, qu’il était aussi un Athénien celui qui n’a jamais trahi Dion, alors qu’il lui eût été facile à ce prix d’acquérir richesses et tant d’autres honneurs ! Du reste, si on gardait encore un soupçon de défiance contre des doctrines qui, même indirectement, purent être l’occasion de ces calamités, on songera qu’il vaut mieux, comme Dion, mourir avec honneur, que vivre misérablement comme Denys. Platon n’a donc pas à se reprocher les démarches dans lesquelles, d’ailleurs, on l’a engagé presque malgré lui ; il a toujours agi avec prudence ; aux uns et aux autres, il n’a cessé d’apporter les conseils que réclamait la situation. Ces mêmes conseils, il les renouvelle aux parents et amis de Dion ; à ces derniers d’en faire leur profit s’ils veulent rendre à leur patrie l’équilibre et la santé morale.

On voit par ce dernier trait quelle est la place de la partie parénétique dans la composition de la lettre. Sans doute, malgré l’intention avouée du début, elle ne forme pas la pensée centrale ; elle est plutôt, en réalité, prétexte à développements apologétiques, mais elle se rattache néanmoins de façon très intime à tout le récit et on ne la pourrait supprimer sans inconvénient pour la suite des idées. Elle fait partie intégrante de l’épître, elle permet d’en définir le genre littéraire et de la ranger parmi les ἐπιστολαὶ συμβουλευτικαί.

L’absence apparente de composition a servi d’argument depuis Karsten à ceux qui nient l’authenticité de la lettre. L’auteur juxtapose les développements les plus divers, accumule des digressions qui rompent à chaque instant la marche de la pensée, détruit toute unité d’exposition. Ne dirait-on pas d’une mosaïque où les morceaux se soudent les uns aux autres de façon à constituer les dessins les plus disparates ? Évidemment, la composition de la 7e lettre diffère de celle des discours de sophistes ou de rhéteurs, avec leurs articulations bien nettes, leurs divisions et subdivisions qui facilitent le travail de la mémoire. Il ne faut pas la comparer aux éloges d’Hélène ou de Palamède, aux Δισσοὶ λόγοι, ou à ces jolies parodies dont le Protagoras, le Banquet, le Phèdre nous fournissent d’admirables exemples. Mais n’y retrouve-t-on pas, par contre, quelque chose de la souplesse des dialogues platoniciens ? La composition dans ceux-ci paraît capricieuse : le thème annoncé dès le début évolue insensiblement en cours