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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 1.djvu/55

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LETTRE VII

Denys l’ancien, se donnait vraiment comme l’héritier des pensées et des projets du libérateur de la Sicile. Après l’assassinat de son oncle, tous les regards s’étaient tournés vers lui. Il devient le centre de la résistance contre Callippe, et, quelques mois plus tard, à la tête d’une armée, il s’emparera du royaume, chassera l’usurpateur et régnera durant deux ans[1]. Il se prépare, au moment même où Platon écrit, à regrouper les partisans pour la guerre de la délivrance. On comprend dès lors sans peine les espoirs du philosophe, qui voit déjà dans ce leader de l’opposition l’héritier des idées politiques de son ami disparu.

Une difficulté analogue concernant le fils de Dion se présentera sous une autre forme à propos de la 8e lettre. Nous y reviendrons plus loin.


B. L’organisation politique à l’époque des Trente (324 c). — Selon Karsten, la description du régime politique instauré par les Trente, dénote l’ignorance de l’écrivain relative aux affaires d’Athènes, ignorance incompréhensible pour un contemporain de ces événements. L’épistolier mentionne, en effet, une sorte de conseil composé de cinquante et un citoyens : dix, maîtres souverains au Pirée ; onze, dans la ville et, au-dessus d’eux, le pouvoir absolu des Trente. Or, sans parler de la manière inexacte dont sont présentés les cinquante et un, comme s’ils formaient un seul conseil, ce que les historiens ne signalent nulle part, on remarquera que les Dix et les Onze n’étaient pas égaux en dignité, ainsi que le laisserait entendre la lettre. Les Dix du Pirée ne sont autres que ces préfets établis par Lysandre, en même temps que les Trente, tandis que les Onze sont des magistrats créés par les Trente.

Notons d’abord que Platon n’a pas prétendu faire ici œuvre d’historien et retracer dans tous leurs détails les institutions de son pays à l’époque de sa jeunesse. S’il parle des cinquante et un, sans les donner du reste comme constituant un seul conseil, c’est pour désigner en bloc les principaux magistrats. Il a soin de faire ressortir la suprématie des Trente. Les Dix du Pirée sont des créations des Trente, au même titre que les Onze, nullement les préfets établis par

  1. Diodore, XVI, 36.